Fixant l'obscurité

SITE POWYS


⇒  Accueil

⇒   contact : e-mail


signature
Les sables de la mer

UNE VISITE

[ ... en anglais   ]
⇒  Couverture

⇒  Préface

⇒  Introduction

⇒  La visite

⇒  Plan de Weymouth v.1930

⇒  Plan de Portland v.1930

⇒  Œuvres citées

⇒  Postface

Les sables de la mer de John Cowper Powys : une visite    [ ⇒ suite... ]

Nous ne devrions pas laisser s'écouler une seule heure de la journée sans nous remémorer cette solitude, et sans nous répéter la formule magique : "Jouis — défie — oublie."

LA FENETRE OUVERTE

3.jpg


Très tard, cette nuit-là, longtemps après que la vieille Martha eut emporté son plateau, Magnus resta les regards fixés sur l'obscurité qu'encadrait sa fenêtre ouverte.(...)
   Et pendant qu'il se déshabillait l'odeur d'algues sèches, si bien connue de lui, ne cessait d'entrer dans la chambre et un Sea-Sands étrange, spectral, une ville mystique faite de tristesse solennelle se rassemblait autour de lui, bâtie en odeurs d'algues sèches, embruns éparpillés et rafales de pluie.(...)
Puis une force en lui se ramassa, comme toujours en des cas pareils, pour résister à ce sentiment d'impuissance et, comme il se sentait surnaturellement lucide cette nuit-là, il entreprit, une fois de plus, de s'analyser assez à fond pour dégager la nature précise de ce pouvoir intérieur auquel, semblait-il, il pouvait toujours recourir en cas de besoin.
   Mais il ne devait pas lui être plus possible d'en déterminer la nature exacte, ni même de décider s'il s'agissait d'une disposition d'esprit bonne ou mauvaise, qu'il ne le lui avait été, sur ce banc, là-bas, en plein vent. Quelle qu'elle fût c'était nettement, en tout cas, une aptitude qu'il tenait de son père, qui avait quelque chose à voir avec le don de se saisir d'une particularité dominante ou poétique présentée par le monde extérieur en l'instant présent — tels le souffle du vent de mer pénétrant dans cette chambre, la lueur mourante des charbons, le gonflement des rideaux rouges — et d'en tirer un enchantement simple, plein de fraîcheur, enfantin, un plaisir qui réduisait le mystère de la vie à son expression la plus primitive, qui avait le pouvoir étrange de repousser, de tenir à distance toutes les peines du coeur et tous les tourments de l'esprit.

[ ⇒ la photographie : note... ]

[ ⇒ suite... ]