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Une visite à Weymouth avec John Cowper Powys [ ⇒ suite... ]
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La seule façon d'échapper à cette profonde mélancolie résultant de la soumission à ≪ l'illusion que la matière est inanimée ≫, et qui est si facilement engloutie dans la folie pure, réside en cette tenace emprise sur l'identité concrète de l'âme.
(The Complex Vision)
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UNE NUIT DE TEMPETE
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Il se hâta le long du chemin gris balayé par la pluie qui menait vers le
nord. Trop étroit pour être appelé une route, trop large pour être appelé un
sentier, ce chemin avait la particularité d'être conçu uniquement pour la
marche. Personne n'aurait pu y circuler â cheval. Personne n'aurait pu y
circuler en voiture, et il était merveilleusement doux sous les pieds. Il dut
parcourir presque trois kilomètres avant d'atteindre la pente nord-ouest
descendant du vaste plateau, et une fois lâ, bien qu'il pût voir des lumières
vacillantes, et en grand nombre, le long du banc de galets, et distinguer
nettement sous cet éclairage l'écume blanche des brisants, il ne vit pas de
bateau du tout.
≪ C'est fini, se dit-il. Il a coulé; et le bateau de sauvetage est revenu. Je
doute fort qu'on ait pu sauver un seul homme. ≫ (...)
Pas une planche, pas un tonneau—lui affirmaient
les pêcheurs—n'avait été rejeté sur le rivage.
— C'est comme pour le Festy, expliquaient-ils, qu'a coulé avec cinq
hommes et un mousse â bord. Y a de ces courants de fond, aux vives eaux,
qui vous les aspirent et les emmènent au large. Si l'temps tourne au beau â
la nouvelle lune on reverra peut'êt' ben quéque chose! Mais seront pas
r'connus alors même par leurs mères, pauv' bougres!
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