Weymouth et Guignol

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Les sables de la mer

UNE VISITE

[ ... en anglais   ]
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⇒  Plan de Weymouth v.1930

⇒  Plan de Portland v.1930

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Les sables de la mer de John Cowper Powys : une visite    [ ⇒ suite... ]

Et chaque fois que nous contemplons cette fantasmatique peinture — qui est notre vie, notre théâtre personnel avec ses mimes spectraux — souffle cette brise lointaine issue des espaces extérieurs, au-delà de la dernière galaxie, qui nous rappelle qu'aucun homme n'a jamais compris le vrai mystère d'un autre homme, ne lui a jamais suffisamment manifesté de compassion, ne lui a jamais assez pardonné.

GUIGNOL SUR LA PLAGE

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   Cet après-midi, alors que les aiguilles de l'Horloge allaient marquer quatre heures, Magnus en cours de flânerie s'arrêta derrière les enfants massés au pied du guignol.
   "Judy! Judy! Judy!" criait le père de Marret à l'intérieur du petit théâtre en forme de cercueil.
   Ce cri de défi plus qu'impudent rendait un son unique. Il était brutal, impitoyable, révoltant. Magnus n'y sentait pas moins vibrer une note indicible — ne correspondait-elle pas, tout simplement, peut-être, à une résurrection de son enfance? — qui le saisissait aux entrailles.
   La voix de Mr. John était retentissante, elle avait l'insistance, voire un peu la stridence, des sambuques qui, à Babylone, conviaient au culte de l'idole élevée par Nabuchodonosor. Elle évoquait les ricanements d'une ironie vieille comme le monde, un complot de tous les mimes, de tous les histrions de l'antiquité acharnés à clouer, en choeur, sans l'ombre de pitié, de sympathie, de remords, notre sensibilité moderne au pilori du ridicule.(...) Et cet incorrigible petit réprouvé aux yeux en vrille, à l'énorme nez rouge, au menton en galoche, ce Panurge ayant pris du ventre qui cognait sur la rampe du petit théâtre, il lui semblait l'entendre jaillir d'un terrier de lapins sur le passage de ces pèlerins lamentables en poussant son cri aux féroces intonations babyloniennes :
   "Judy! Judy! Judy! Judy!"(...)
   Magnus se mit ensuite à se demander qui, parmi les hommes qu'il connaissait en ville, ressemblait à ce braillard à grosse bedaine. "Voyons, se disait-il (et il allait être mis sur la bonne voie par les accents bien inspirés de l'homme du Guignol), il y a un peu de Guignol chez moi, chez Gaul, chez Jerry, chez le vieux Bartram, chez le Caboteur... Sans doute Guignol représente-t-il un élément essentiel de l'éternel masculin... 'le bon compagnon bien couillu' dont parle Rabelais... qui peu ou prou se retrouve en tout homme... (...)"

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