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Les sables de la mer de John Cowper Powys : une visite
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Seul ce sentiment de solitude nous permet d'avoir raison
de ces absurdes revendications d'une vie active, et de nous
retourner vers ces réservoirs de paix, la terre, l'air,
l'eau et le feu, à la surface desquels affleurent, tandis
que notre âme s'attarde à les contempler, ces merveilleuses
essences, dont la constante jouissance représente l'unique
extase inaltérable de la vie.
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SABLE SEC ET SABLE HUMIDE
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Sur le sable sec les grandes personnes par petits groupes
lisaient, cousaient, dormaient, et surtout bavardaient;
sur le sable humide les enfants, en train de construire
leurs forteresses et de creuser leurs canaux, étaient bien
trop absorbés et bien trop contents pour échanger autre
chose que, par-ci par-là, de brusques clameurs. Le jeu
libre de tous ces membres clairs et nus, se détachant sur
le fond lumineux des eaux proches et sur le bleu du large,
donnait à la scène un charme païen merveilleux, semblait la
transplanter hors du temps, dans un pays de vacances
éternelles où le fardeau du travail, le poids des
responsabilités n'alourdissait plus les coeurs.
(...) le
sable humide recevait, lui, l'empreinte de pieds trop légers
semblait-il, pour en laisser aucune: pieds nus immatériels,
immortels, empreintes classiques de l'enfance éternelle à
jamais libre et heureuse dans une cour de récréation
divine, fermée aux infiltrations de nos désordres.
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