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Une visite à Weymouth avec John Cowper Powys [ ⇒ suite... ]
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Il y a dans le monde tant de souffrance extrême, que
toutes les entités vivantes qui n'y sont pas sujettes ont
toutes les raisons d'éprouver un intense soulagement.
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DESOLATION
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À leur retour à la Maison de Santé, Mr. Pounce, un peu inquiet
pour sa réputation d'interné inoffensif, se hâta d'entrer dans le bâtiment
principal, laissant Sylvanus se débrouiller tout seul.
Dans la vie de tout homme il y a des moments où un sentiment de
désolation s'empare de lui, qui ressemble au terrible regard qu'une planète
morte pourrait diriger vers un voyageur solitaire voyageant dans l'espace.
À un tel moment le cœur ressent la même impression que si un abîme
de désespoir lui avait été brutalement révélé à travers quelque
épouvantable fissure ou crevasse dans l'étendue éthéré où tout flotte. Et
il lui semble que à la suite de quelque signal lugubre, il lui a été
impitoyablement montré ce qu'il n'avait en fait jamais ignoré, la vieille farce cosmogonique, la vieille trahison jamais expiée. Cette vision
épouvantable des choses se dessine sur le néant environnant comme un
visage infiniment triste, dépouillé de tout réconfort. La nature a exploité
toutes ses ressources pour cacher le vide béant à travers lequel ce regard
glacé nous enjoint de désespérer. Nos propres cœurs ont lancé viaduc
après viaduc d'arc-en-ciel par dessus cette fissure dans notre paysage
familier, mais peut-être ce ne sera que quand le Bouffon Originel Lui-même
se repentira de Sa plaisanterie et cessera de crier ≪ Judy! Judy!
Judy! ≫ sur nos sables rayonnants que ce regard venant du vide
s'évanouira. Ou peut-être que . . .
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